"Peindre dans la chair des mots" -

Publié le par Flora Noël

 

     L’adéquation entre le dessin et l’adage de Delphes semble d’abord tomber sous le sens : la connaissance de soi impliquerait une mise à nu ainsi qu’un franc plongeon à la découverte des profondeurs de l’être. Mais pourquoi ces plongeurs sont-ils deux alors que la quête intimée est celle du soi ? Pourquoi sont-ils dans une position si verticale qu’on croirait voir des hommes debout représentés à l’envers ? C’est sans doute qu’il ne s’agit pas de découvrir un domaine inconnu mais de voir les choses autrement, grâce à une conversion volontaire du regard comme la décrit Platon dans La République : il faudra beaucoup d’efforts à l’homme pour voir le Soleil lui-même au lieu de son simple reflet sans être ébloui. Ainsi, les gestes des bras des personnages semblent à la fois protéger leurs yeux de cette paradoxale clarté sous-marine et tenter de s’en rapprocher, de la saisir vraiment. Les plongeurs ne pénètrent donc pas dans un autre univers, ils découvrent la face cachée et véritable du nôtre.

 

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Caroline Challan-Belval, Série Connais-toi toi-même, 2002-2009, encre et

lavis sur papier, 21x29,5 cm.

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